Les Rose-Croix Kabbalistes
Comme le confirment tous les ouvrages sérieux consacrés à l’ésotérisme, les Rose-Croix, comme les Martinistes, se sont toujours intéressés à la Kabbale. Parmi les mystiques qui œuvrèrent au XVIIe siècle à l’émergence de l’Ordre de la Rose-Croix, nombre d’entre eux étaient Kabbalistes. Tel était le cas de Johann Arndt, Johann Valentin Andreae, Tobias Hess et Robert Fludd, lequel s’intéressait également à l’alchimie. Stanislas de Guaita, figure marquante du rosicrucianisme au XIXe siècle, l’était aussi. Pour ce qui est du Martinisme, on peut citer entre autres Papus (Gérard Encausse), qui écrivit plusieurs livres sur ce sujet.
Les origines de la Kabbale
Qu’est-ce que la Kabbale ? D’après la Tradition juive, c’est la Connaissance que Moïse, suite à son illumination sur le mont Sinaï, aurait transmise à un cercle de disciples dûment choisis, lesquels l’auraient à leur tour perpétuée. Durant des siècles, cette Connaissance se perpétua uniquement de bouche à oreille, d’une manière, sinon secrète, du moins discrète et confidentielle. Avec le temps, certains de ses aspects furent mis par écrit. D’une manière générale, on peut dire que le Kabbalisme est au Judaïsme ce que le Gnosticisme est au Christianisme et le Soufisme à l’Islam. Autrement dit, elle en constitue la contrepartie ésotérique, ce qui explique pourquoi elle est relativement peu étudiée.
Le corpus de la Kabbale
La Kabbale repose sur un corpus constitué de plusieurs livres fondamentaux : le «Sepher Yetzirah» (le Livre de la Création), le «Sepher ha-Bahir» (le Livre de l’Éclat) et le «Sepher ha-Zohar» (le Livre de la Splendeur), rédigés entre le IIIe et le IVe siècle, probablement en terre d’Israël. Pour bien comprendre les concepts et les notions traités dans ces livres, l’idéal est de maîtriser l’hébreu, car cette langue, outre sa beauté, intègre nombre de subtilités qui confèrent à chaque mot plusieurs sens. C’est pourquoi il est dit que la Kabbale peut être abordée à quatre niveaux différents : le sens littéral, le sens allusif, le sens allégorique, le sens secret.
L’Arbre kabbalistique
L’un des éléments fondamentaux de la Kabbale est l’Arbre kabbalistique, appelé également «Arbre de Vie». D’une manière générale, il symbolise à lui seul le comment et le pourquoi de la Création, à la lumière de l’ésotérisme juif. En résumé, celle-ci a pris naissance dans la Pensée, la Parole et l’Action divines (Aïn, Aïn Soph et Aïn Soph Aur) et s’est manifestée ensuite à travers une succession d’émanations (les séphiroth), depuis la plus spirituelle (Kether) jusqu’à la plus matérielle (Malkuth), cette dernière correspondant à l’univers manifesté, dont notre système solaire et la Terre elle-même font partie. Par ailleurs, les dix séphiroth, qui représentent à la fois différents mondes et divers plans de conscience, se répartissent sur trois piliers symboliques ayant chacun une signification ésotérique : Boaz (pilier de gauche) symbolise la Rigueur ; Jachin (pilier de droite) symbolise la Miséricorde ; entre les deux se trouve le pilier de l’Équilibre, qui représente l’état de sagesse atteint par quiconque s’est rendu maître des oppositions de la vie.
La Rose-Croix kabbalistique
De toute évidence, l’étude de la Kabbale présente un grand intérêt pour toute personne qui mène une quête mystique. C’est ce qui explique pourquoi elle fait partie intégrante des enseignements rosicruciens et martinistes (l’Ancien et Mystique Ordre de la Rose-Croix parraine l’Ordre Martiniste Traditionnel depuis le début du XXe siècle). La Rose-Croix kabbalistique est en elle-même un symbole du lien existant entre la Rose-Croix et la Kabbale. D’autres mouvements et groupements s’y consacrent également, ce qui est naturellement leur droit. Mais il faut être prudent dans ce domaine, car il en est de la Kabbale comme d’autres Traditions : elle est souvent galvaudée et dévoyée au profit d’intérêts qui n’ont que très peu de rapport avec ce qu’elles sont, à savoir des voies de connaissance et de sagesse.