L’Ancien et Mystique Ordre de la Rose-Croix
Lorsqu’il est apparu au tout début du XVIIe siècle, l’appellation de l’Ordre de la Rose-Croix n’était pas « Ancien et Mystique Ordre de la Rose-Croix », mais simplement « Ordre de la Rose-Croix » ou « Fraternité des Rose-Croix ». À cette époque, il comptait très peu de membres et s’apparentait à une société secrète, ce qui était alors une nécessité pour se préserver des persécutions religieuses et politiques. Dans les siècles suivants, il prit des noms divers qui intégraient toujours les mots « Ordre » et « Rose-Croix ». En fait, c’est en 1909, lors de sa résurgence, qu’il se fit connaître sous l’intitulé « Ancien et Mystique Ordre de la Rose-Croix » et le sigle « A.M.O.R.C. » Depuis, il est présent dans le monde entier et réunit des personnes de toutes races, nationalités, cultures, classes sociales et religions pour celles et ceux qui en suivent une.
Le qualificatif « Ancien »
De toute évidence, le qualificatif « Ancien » se réfère au fait que l’Ordre de la Rose-Croix n’est pas un mouvement récent. Comme cela a été rappelé précédemment, il est apparu au XVIIe siècle, avec la publication de trois Manifestes : la « Fama Fraternitatis », la « Confessio Fraternitatis » et les « Noces chymiques de Christian Rosenkreutz », parus respectivement en 1614, 1615 et 1616. Quelques années plus tard, en 1623, les Rose-Croix se firent connaître davantage encore en placardant dans les rues de Paris des affiches invitant les chercheurs sincères à rejoindre leur Fraternité. Sur le plan traditionnel, l’Ordre est encore plus ancien, puisqu’il remonte aux Écoles de Mystères de l’Égypte antique. Dans son livre intitulé « Silentium Post Clamores », Michaël Maïer, célèbre Rose-Croix du XVIIe siècle, déclara d’ailleurs : « Nos origines sont égyptiennes, brahmaniques, issues des Mystères d’Éleusis et de Samothrace, des Mages de Perse, des Pythagoriciens et des Arabes ».
Le qualificatif « Mystique »
Trop souvent, on donne au mot « Mystique » un sens péjoratif, synonyme de « étrange », « bizarre », « illuminé »… C’est ainsi qu’on l’utilise pour qualifier une personne que l’on juge irrationnelle, marginale, détachée du monde matériel… Pourtant, ce mot provient du grec « musticos », qui veut dire « mystères ». Par extension, « mysticisme » signifie « étude des mystères ». De ce point de vue, il est vrai que les Rose-Croix s’intéressent aux mystères de l’existence, c’est-à-dire aux sujets qui ont un lien avec la spiritualité et la métaphysique : l’origine de la Création, le concept de Dieu, la nature de l’âme, les fonctions de la conscience, la finalité de la vie, les étapes de la mort, etc. L’A.M.O.R.C. a précisément pour but d’expliquer à ses membres ce que la Tradition rosicrucienne enseigne à propos de ces sujets et de beaucoup d’autres. Parallèlement il prône une philosophie profondément humaniste, fondée sur l’idée que tout être humain peut se transcender pour exprimer le meilleur de lui-même, dans son intérêt propre et dans celui de la société.
Le mysticisme rosicrucien
À la lumière des explications précédentes, il apparaît que le qualificatif « Mystique », lorsqu’il est appliqué à l’Ordre de la Rose-Croix, confirme, non seulement qu’il se rattache traditionnellement aux Écoles de Mystères de l’Antiquité, mais également qu’il perpétue un enseignement ayant pour but de mieux comprendre les mystères liés à notre vie sur Terre. À cet égard, le mysticisme rosicrucien est fondé, non pas sur la croyance, mais sur la connaissance. Naturellement, il est spiritualiste en essence, car les Rose-Croix admettent comme une évidence l’existence de l’âme, ainsi que celle de Dieu, au sens, non pas religieux du terme, mais mystique. C’est ainsi qu’ils voient en Lui, non pas un Surhomme gouvernant le monde et les hommes depuis les cieux, mais une Intelligence universelle œuvrant dans toute la Création au moyen de lois impersonnelles.
Les Écoles de Mystères
À propos des Écoles de Mystères, il est intéressant de savoir qu’en Égypte, il en existait une dans quasiment chaque Temple (Louxor, Karnak, Philae, Edfou, Kom Ombo…) Ainsi, parallèlement aux rites religieux qu’on y accomplissait à l’intention du peuple, des mystiques (hommes et femmes) s’y réunissaient régulièrement pour étudier les mystères de l’univers, de la nature et de l’homme lui-même. Au fil du temps, cette étude donna naissance à une Connaissance qui s’est perpétuée dans la Grèce et la Rome antiques, puis dans l’Europe du Moyen-Âge et de la Renaissance, pour être recueillie en grande partie par les Rose-Croix au début du XVIIe siècle. Eux-mêmes l’ont transmise jusqu’à nos jours, ce qui explique pourquoi l’A.M.O.R.C. revendique une filiation traditionnelle avec les Écoles de Mystères égyptiennes, grecques et romaines.