APPEL À LA SAGESSE
De Serge Toussaint, Grand Maître de l’Ancien et Mystique Ordre de la Rose-Croix
Quand on parle du monde actuel avec les gens, que ce soit des proches ou non, quasiment tous sont unanimes pour dire qu’il est en proie à une folie collective qui pourrait le mener à sa perte. Tous les domaines sont concernés : politique, économie, technologie, science, médecine, écologie… Le bon sens, c’est-à-dire le sens de ce qui est bon pour la société, a cédé la place à la déraison. Quant à l’éthique, autrement dit le sens de ce qui est bien dans le comportement humain, elle est assimilée par beaucoup à ce que l’on désignait autrefois sous le nom de « morale » et connaît un rejet généralisé. De nos jours, on préfère être amoral, voire immoral. Quoi qu’il en soit, il est évident que si l’humanité persiste dans son manque de sagesse, les épreuves, les difficultés et les problèmes auxquels elle est confrontée actuellement ne vont cesser de s’amplifier, avec toutes les souffrances qui ne manqueront pas d’en résulter pour un très grand nombre de personnes.
Quelle que soit notre nationalité, quelle que soit notre situation sociale, quelles que soient nos idées politiques, quelle que soit notre religion si nous en suivons une, vous conviendrez certainement que c’est folie de fabriquer des armes toujours plus puissantes et destructrices, d’inciter les gens à consommer toujours plus à travers des promotions en tous genres, de mettre sur le marché toujours plus de médicaments chimiques dont on ne maîtrise pas les effets secondaires, de faire toujours plus l’apologie de la violence et de la luxure par films interposés, de remplacer toujours plus d’êtres humains par des machines de plus en plus sophistiquées, de cloner toujours plus de plantes et d’animaux à des fins reproductives, de rendre toujours plus présente et performante l’intelligence artificielle, d’abattre toujours plus de forêts aux quatre coins du monde… Assurément, cette liste de nos folies collectives n’est pas exhaustive.
Les risques à venir pour l’humanité
Il n’est nul besoin d’être voyant, devin ou prophète pour prédire où notre manque de sagesse risque de mener l’humanité : épuisement des ressources naturelles, augmentation des conflits armés, banalisation des comportements portant atteinte à autrui, extension du chômage de masse, accroissement de la paupérisation dans nombre de pays, assujettissement des êtres humains aux machines et autres robots prétendument intelligents, dégénérescence des espèces végétales et animales, multiplication des catastrophes naturelles, altération des conditions de vie sur l’ensemble de la planète… Vous admettrez, même si vous êtes optimiste de nature, que l’avenir est très préoccupant, non pas à long mais à court terme. Si nous persistons dans cette voie, les enfants et les adolescents d’aujourd’hui vont hériter d’une situation très chaotique dans nombre de domaines, en particulier sur le plan écologique, ce qui engage leur survie.
Que faut-il donc faire pour que les choses changent en profondeur et pour longtemps, au point d’inverser la tendance actuelle et de rendre l’avenir prometteur pour tous les peuples et toutes les nations ? La réponse à cette question cruciale est relativement simple : en finir avec la folie ambiante et faire preuve de sagesse dans nos choix et nos comportements, c’est-à-dire renouer avec le bon sens et remettre l’éthique (plutôt que la morale) à l’ordre du jour. Conformément à la philosophie prônée par l’Ordre de la Rose-Croix, cela suppose que chacun d’entre nous fasse l’effort d’exprimer le meilleur de lui-même, non seulement dans ses relations avec autrui, mais également à l’égard de la nature. Il est évident que si nous étions infiniment plus nombreux à nous montrer tolérants, non-violents, honnêtes, généreux, bienveillants, respectueux des biens d’autrui et de l’environnement…, la situation changerait radicalement, et tous en bénéficieraient.
Comme chacun sait, de nombreux pays, sinon tous, sont confrontés à une crise économique et sociale majeure. Face à cette crise, la plupart des citoyens se tournent vers ceux qui les gouvernent et exigent, parfois avec force et violence, qu’ils trouvent les solutions adéquates. Une telle attente est légitime, car le rôle des gouvernements est de faire en sorte que les peuples soient aussi heureux que possible. Mais la politique ne peut résoudre tous les problèmes, d’autant qu’elle se nourrit de divisions, d’oppositions et de désaccords. L’éthique, au contraire, est un vecteur d’union, d’harmonie et de concorde. En faire preuve au quotidien revient à bien se gouverner soi-même, de sorte que si tous les citoyens s’y employaient (gouvernants et gouvernés confondus), la Société idéale prônée jadis par les philosophes grecs ne serait plus vraiment une utopie.
Vers une « culture de l’éthique »
Si nous voulons changer le monde, nous devons opter individuellement et collectivement pour une « culture de l’éthique », et par extension pour une « éthocratie », c’est-à-dire pour un « gouvernement fondé sur l’éthique ». Cela suppose de remettre l’éducation au centre de nos préoccupations, afin que les enfants d’aujourd’hui soient demain des adultes épris de sagesse, respectueux d’eux-mêmes, des autres, de la société en général et de la nature. Certes, comme je l’ai suggéré précédemment, une telle perspective peut sembler utopiste, mais c’est pourtant en tendant vers ce but que l’humanité pourra s’accomplir sur tous les plans et connaître le bonheur auquel la plupart d’entre nous aspirent. Il y va même de sa survie.
En guise de conclusion, je souhaiterais vous soumettre un texte intitulé « L’idéal éthique des Rose-Croix ». J’espère qu’il trouvera chez vous un écho favorable et que vous en viendrez, vous aussi, à en faire un guide dans votre vie :
« Sois patient, car la patience nourrit l’espérance et fait du temps un allié sur le sentier de la vie.
Sois confiant, car la confiance en soi est une source d’épanouissement, et celle qu’on accorde aux autres une source d’amitié.
Sois tempéré, car la tempérance évite de tomber dans les excès et procure l’apaisement.
Sois tolérant, car la tolérance élargit l’esprit et favorise les relations humaines.
Sois détaché, car le détachement est un gage de liberté et cultive la richesse intérieure.
Sois généreux, car la générosité fait autant de bien à celui qui donne qu’à celui qui reçoit.
Sois intègre, car l’intégrité est le garant d’une bonne conscience et apporte la sérénité.
Sois humble, car l’humilité grandit celui qui en fait preuve et lui vaut le respect des autres.
Sois courageux, car le courage construit au quotidien et rend fort dans l’adversité.
Sois non violent, car la non-violence génère l’harmonie intérieure et répand la paix entre les êtres.
Sois bienveillant, car la bienveillance réjouit le cœur et embellit l’âme.
Étant cela, on pourra dire de toi que tu es sage, car la sagesse est l’application de ces vertus… »
Si vous partagez les idées exprimées dans cet « Appel à la sagesse », je vous invite à le relayer et à prendre vis-à-vis de vous-même l’engagement suivant : « Conscient de la situation préoccupante dans laquelle se trouve l’humanité, je m’engage à privilégier le bon sens et l’éthique dans mon comportement à l’égard d’autrui et de la nature. »
Avec mes meilleures pensées.
Fraternellement.