Deux définitions du mot « jugement »
Parmi les facultés mentales dont l’être humain dispose, il y a le jugement. Dans la plupart des livres de référence, ce mot est défini de deux manières : 1) « Décision de justice. » 2) « Opinion sur quelque chose ou sur quelqu’un. » Or, pas une journée ne passe sans que des décisions de justice ne soient rendues pour des raisons plus ou moins graves, et ce, dans tous les pays du monde. Ce sont alors des personnes habilitées à « rendre la justice », en l’occurrence des juges, qui se prononcent. Par ailleurs, tout individu est amené chaque jour à se faire des opinions sur divers sujets et diverses situations, à les émettre, à les partager. Juger fait donc partie des “occupations” auxquelles notre mental, notre intellect, notre raison se livre très souvent, pour ne pas dire constamment.
La faculté de jugement
La faculté de jugement est indissociable de deux notions auxquelles nous sommes confrontés tout au long de notre existence : l’erreur et la vérité. Lorsque nous émettons une opinion sur quelque chose ou sur quelqu’un, nous sommes généralement convaincus qu’elle est fondée et, comme on le dit couramment, que « nous avons raison ». Pourtant, comme le prouve l’expérience, il nous arrive de nous tromper et d’« avoir tort ». Pourquoi ? Parce que notre raisonnement est faillible et que nous sommes infiniment loin de tout comprendre et de tout savoir. Malheureusement, les êtres humains que nous sommes ont tendance à penser qu’ils sont dans le vrai à propos de leurs croyances, de leurs idées, de leurs convictions…, au point de se montrer intolérants à l’encontre de ceux qui ne les partagent pas.
S’accorder le droit à l’erreur
Pour éviter de se montrer intolérant et d’alimenter des rapports de force avec autrui, le mieux est de cultiver l’humilité et de s’accorder le droit à l’erreur. Si nous partons du principe que nous sommes faillibles dans nos jugements et que nous pouvons nous tromper, nous sommes alors plus ouverts aux opinions des autres et sommes capables de voir en elles une opportunité de remettre en cause nos propres idées. Telle est l’attitude de quiconque fait preuve de tolérance, quel que soit le sujet de la discussion ou de l’échange. De mon point de vue, cette vertu est l’une des plus appréciables, car elle est un vecteur d’harmonie entre les individus, que ce soit au sein de la famille ou de la société. Par extension, elle contribue à la paix sociale et favorise la recherche du consensus en cas de désaccord profond.
Les jugements que l’on émet sur les autres
Comme vous l’avez certainement remarqué, l’une des faiblesses majeures de l’être humain est d’émettre des jugements sur les autres. Dans la très grande majorité des cas, ces jugements sont négatifs. Autrement dit, on dit du mal d’eux. Pourquoi cette tendance ? Comme cela est expliqué dans l’Ordre de la Rose-Croix, c’est parce que sous l’influence de leur ego, de leur “moi je”, nombre de personnes pensent se valoriser en dévalorisant celles dont elles parlent. Ce faisant, elles cèdent à la malveillance, la médisance, la calomnie et autres faiblesses qui font l’imperfection du commun des mortels. Certaines ont alors pleinement conscience d’être malveillante, de médire, de calomnier… ; d’autres pas vraiment. Cela dépend de l’importance que chacun accorde à l’éthique et à la voix de sa conscience, laquelle nous incite plutôt à être bienveillants et indulgents. Encore faut-il l’écouter et agir en conséquence.
« Vous serez jugés à la manière dont vous jugez »
Tous les sages du passé nous ont engagés à ne pas juger, et par là même à ne pas médire et encore moins calomnier. D’un point de vue rosicrucien, cela s’explique par le fait que tout jugement ou propos négatif à l’encontre d’autrui met en mouvement la loi karmique, de sorte que tôt ou tard nous sommes victimes du même type de jugement ou de propos de la part des autres. C’est ce qui fit dire à Jésus : « Vous serez jugés de la manière dont vous jugez. » De plus, penser, dire ou faire du mal à autrui va à l’encontre de ce à quoi aspire notre âme, dans ce qu’elle a de plus divin. Comme indiqué précédemment, elle est bienveillante et indulgente par nature. Une seule chose pourrait justifier le droit de juger autrui : être soi-même parfait. Or, personne ne l’est…