Qu’est-ce qu’un désir ?
Par définition, un désir est « une tendance à vouloir obtenir quelque chose ou à satisfaire une envie. » Il est impossible de dresser la liste de tous les désirs que les êtres humains peuvent éprouver au cours de leur vie, d’autant qu’ils varient d’une personne à l’autre. Par ailleurs, il y en a qui sont plus puissants et plus prégnants que d’autres, à tel point que certains s’apparentent plutôt à des besoins, eux-mêmes plus puissants et prégnants que d’autres. À titre d’exemples, on ne peut pas mettre au même niveau le désir de manger (qui correspond à un besoin vital) et le désir de fumer (qui correspond à un besoin que l’on s’est créé et qui devient une habitude).
Les désirs essentiels
Épicure, philosophe grec ayant vécu au IVe siècle avant J.-C., distinguait trois grandes catégories de désir : les désirs naturels et nécessaires (manger, boire et dormir), les désirs naturels et non nécessaires (sexualité et sport) et les désirs vains (désir de posséder, d’être célèbre et d’exercer le pouvoir). Sigmund Freud (1856-1939), de son côté, considérait que l’être humain est dominé par deux désirs principaux : le désir sexuel et le désir de reconnaissance. Quant aux psychologues contemporains, ils dénombrent quatre désirs essentiels : le désir de santé, le désir d’amour, le désir de prospérité, le désir de développement personnel. En fait, il existe autant de désirs chez l’être humain que d’envies, de pulsions, de besoins, d’appétences, etc.
Les désirs positifs et les désirs négatifs
En ce qui me concerne, je divise les désirs en deux grandes catégories : ceux qui sont négatifs et ceux qui sont positifs. Dans la première, on peut mettre tous ceux qui portent atteinte à notre intégrité, à notre dignité et à notre santé, ou à celles d’autrui. À titre d’exemples, trop fumer provoque tôt ou tard des maladies plus ou moins graves. Désirer le pouvoir se fait le plus souvent au détriment d’autrui. Dans la seconde catégorie se trouvent les désirs qui, au contraire, contribuent à notre bien-être physique ou mental, et à celui des autres. Avoir envie de faire une promenade en pleine nature ne peut que nous faire du bien. Proposer à quelqu’un de nous accompagner peut lui être également bénéfique.
Les désirs, selon Bouddha
Comme vous le savez certainement, Bouddha enseigna que ce sont les désirs qui empêchent les hommes d’être heureux, car ils les maintiennent en état de dépendance et d’asservissement. C’est pourquoi il prôna le détachement à l’égard de tout désir, ce qui explique pourquoi le Bouddhisme, à l’origine, était une voie ascétique. De mon point de vue, et sans vouloir porter atteinte à la foi bouddhique, cela me semble excessif. En effet, comme je l’ai indiqué précédemment, je pense qu’il y a des désirs positifs : le désir d’aimer, d’aider, de donner, de partager, d’être utile, de créer, de se parfaire, etc. De tels désirs contribuent à notre bonheur et à celui des autres, de sorte qu’il n’y a pas lieu de les réprimer, bien au contraire.
L’« Homme de désir »
Louis-Claude de Saint-Martin (1743-1803), auquel se rattache l’Ordre Martiniste Traditionnel (parrainé par l’Ordre de la Rose-Croix depuis le début du XXe siècle), s’est beaucoup référé à l’« Homme de désir » dans ses livres, le mot « Homme » désignant aussi bien l’homme que la femme. À travers cette expression, il se référait à l’état de conscience de tout mystique qui désire se parfaire et atteindre l’état de Sagesse, au point de s’unir à Dieu, tel qu’il Le conçoit. Selon le « Philosophe Inconnu », ce désir d’Union divine était le plus noble de tous ceux que nous sommes susceptibles d’éprouver au cours de notre existence. Pour lui, il était indissociable de la Réintégration, c’est-à-dire du Retour définitif de l’âme humaine dans l’Âme divine.