Pour ou contre la corrida ?
Régulièrement, le débat revient à propos de la corrida, tout du moins dans les pays où elle est (encore) pratiquée. D’un côté, nous avons ceux qui défendent cette pratique et font tout ce qui est en leur pouvoir pour qu’elle perdure ; de l’autre ceux qui la condamnent et œuvrent à son interdiction. En ce qui me concerne, et comme la grande majorité des Rose-Croix pour ne pas dire tous, je me range du côté des seconds, tant il me semble évident que la corrida est indigne d’une société dite civilisée. Ses partisans ont trois arguments qu’ils jugent majeurs : 1) Elle fait partie d’une tradition séculaire, si ce n’est millénaire. 2) Elle est un art. 3) Elle exalte le courage de l’homme face à l’adversité. Reprenons un à un ces trois arguments :
La corrida : une tradition ?
1) Cautionner et défendre la corrida sous prétexte qu’il s’agit d’une tradition me semble aberrant. Dans ce cas, pourquoi ne pas réinstaurer les combats de gladiateurs, rendre à nouveau publique l’exécution des condamnés à mort, soutenir l’excision, réinstaurer les châtiments corporels, continuer à massacrer les baleines, etc. En principe, le propre de la civilisation est d’évoluer vers des états de conscience et des centres d’intérêt de plus en plus élevés, ce qui suppose de mettre fin graduellement aux traditions qui portent atteinte à l’homme, à l’animal ou à la nature. Ceci me semble tellement évident qu’il ne fait pour moi aucun doute que le jour viendra où la corrida sera partout interdite, et l’on se demandera alors comment une telle pratique a pu être tolérée aussi longtemps.
La corrida : un art ?
2) Par nature, l’art a une vocation esthétique et vise à exprimer quelque chose de beau. Où donc est la beauté dans la « contemplation » d’un taureau ensanglanté qui n’a d’autre choix que de se défendre face à un adversaire qui veut sa mort ? Qui y a-t-il de beau dans la mise à mort elle-même, d’autant que le toréador doit souvent s’y reprendre plusieurs fois ? Qui y a-t-il de beau dans les souffrances et l’agonie de l’animal ? Assurément, dire de la corrida qu’elle est un art est un non-sens. Dans cet ordre d’idée, certains qualifient la boxe de « noble art ». Là aussi, qu’y a-t-il de beau à regarder deux hommes se battre jusqu’à l’extrême limite ? Mais au moins ont-ils choisi de le faire…
La corrida : une leçon de courage ?
3) On ne peut nier qu’il faut du “cran” pour affronter un animal aussi puissant qu’un taureau. Rappelons néanmoins que dans la plupart des cas, celui-ci a subi préalablement un « traitement » destiné à amoindrir sa capacité à réagir (les picador lui sectionnent certains muscles du cou, etc.), sans parler des cornes qui bien souvent ont été limées pour les rendre moins pointues et donc moins dangereuses. La question qui se pose est de savoir si un tel affrontement relève du courage, de la témérité ou de l’orgueil. En admettant que ce soit effectivement du courage, je trouve regrettable qu’il soit employé dans un tel but, à savoir manipuler un animal, le fatiguer jusqu’à l’épuisement, puis le tuer. Je pense en effet que cette vertu devrait toujours être employée à des fins positives, constructives, utiles, ou à défaut nécessaires. Comble de l’ironie, les amateurs de corridas qualifient de «courageux» les taureaux élevés dans ce but.
Nombre de Rose-Croix militent pour l’abolition de la corrida
En conclusion, je pense que la corrida, au même titre que les combats de coqs, de chiens, etc., est une expression de la barbarie humaine et constitue une atteinte à la dignité et à l’intégrité des animaux concernés. C’est pourquoi j’ai peine à comprendre que l’on soit favorable à cette pratique. Il me semble évident qu’elle devrait être interdite dans tous les pays du monde, ou plus exactement abolie. Je sais d’ailleurs que de nombreux membres de l’Ordre de la Rose-Croix militent pour son interdiction.