À propos de la solitude

Choisir de vivre seul

Par définition, la solitude est l’état d’une personne qui vit seule. Ce peut être par choix ; dans ce cas, elle en est plutôt satisfaite et ne cherche pas vraiment à changer sa situation. Cela s’explique par le fait que certains individus ont une nature solitaire et ne sont pas enclins à communiquer avec les autres. Ils ont généralement en commun d’être très intériorisés et de vivre en quelque sorte dans leur monde. Cela ne veut pas dire qu’ils sont asociaux au point de refuser tout contact avec autrui, mais c’est dans le face à face avec eux-mêmes qu’ils se sentent le mieux.

Lorsque la solitude s’impose d’elle-même

Comme chacun sait, la solitude ne correspond pas toujours à un choix. Il arrive en effet que ce soient les circonstances de la vie qui conduisent une personne à être seule. Tel est notamment le cas de ceux qui perdent leur conjoint(e) et doivent poursuivre leur existence en l’absence de l’autre. Et si celui ou celle qui reste n’a ni enfant, ni famille, ni ami pour lui rendre visite de temps à autre, c’est l’épreuve de la solitude qui vient frapper à sa porte. Nous connaissons tous des personnes qui vivent cette épreuve, souvent dans le silence et la dignité. Et nous savons combien elles sont heureuses lorsqu’on vient les voir pour prendre de leurs nouvelles et parler avec elles de choses et d’autres.

Être une bonne compagnie pour soi-même

Pour quelqu’un qui se plaît dans la solitude, elle est une présence qui le rend heureux et contribue à son bonheur. Il puise en elle de belles pensées et de beaux sentiments, mais aussi la force intérieure qui lui permet d’affronter et de surmonter les difficultés, voire les épreuves, de l’existence. Comme l’exprime si bien Georges Moustaki dans l’une de ses chansons (il connaissait très bien les Rose-Croix), elle est alors une compagne, une amie, une confidente. Vous noterez d’ailleurs qu’une personne qui aime être seule est généralement une bonne compagnie pour elle-même. Mais rien ne s’oppose à ce qu’elle le soit aussi pour les autres quand elle est en leur présence ; tout dépend de sa capacité à s’ouvrir à eux, ne serait-ce qu’intérieurement.

La compagnie des autres

Est-ce une bonne chose d’aimer la solitude ? Pas nécessairement. Si elle fait de la personne concernée quelqu’un d’asocial qui fuit la présence des autres et se montre désagréable en leur compagnie, on ne peut pas dire que ce soit là une attitude positive. En revanche, si ce besoin de solitude correspond à sa nature profonde, contribue à son équilibre psychologique, la rend heureuse et induit chez elle un comportement agréable à l’égard d’autrui, elle aurait tort de le réprimer, en supposant d’ailleurs que cela soit possible. Elle doit au contraire le satisfaire et puiser en lui le désir de se transcender pour être sociable lorsque les circonstances l’exigent.

“Apprivoiser” la solitude

Certaines personnes ne supportent pas la solitude. Dès qu’elles sont seules, elles s’ennuient, se sentent mal et même dépriment. La présence des autres leur est indispensable ; elles ont besoin de communiquer et de s’extérioriser. Là aussi, c’est une question de nature. Cela étant, tout comme une personne solitaire doit savoir être une bonne compagnie pour les autres lorsqu’elle se trouve en leur présence, quelqu’un qui a besoin du contact d’autrui doit pouvoir se sentir bien lorsque les circonstances font qu’il est seul. À défaut d’aimer la solitude, il faut faire avec lorsqu’elle se présente, d’autant qu’il est très rare de traverser toute une vie sans y être confronté.

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Cet article a 13 commentaires

  1. Gillette Betou

    La solitude est un recueil nécessaire à la réflexion, un joyau de la pensée et l’exutoire du bien-être personnel lorsque celle-ci est en accord avec l’individu en son centre

  2. Patrick

    Les valeurs de notre société occidentale ont tendance à rejeter la solitude. Pourtant, l’équilibre se situe à la fois en étant en contact avec les autres et en cultivant des moments de solitude.
    Pourquoi ? Par ce que cette solitude va nous apporter de mieux nous connaître, de pratiquer l’introspection et de nous rendre réceptif à l’inspiration, à la créativité. Cela nous permettra ensuite de revenir dans le monde extérieur avec des idées ou des créations nouvelles afin de mieux contribuer à l’évolution humaine.

  3. Anne-Marie K

    La solitude peut être vécue tant dans l’isolation qu’avec un entourage proche : – être seul, se sentir seul et coupé des autres, donc isolé, ou se sentir seul dans un groupe mais pas isolé. Son intensité varie selon les cas susmentionnés et est généralement vécue individuellement. Néanmoins on l’observe également dans un collectif composé d’un nombre restreint d’individus qui se trouvent dans un état d’isolation accrue ou marginale.
    La solitude peut être choisie ou involontaire. La solitude choisie est, en effet, un acte volontaire visant l’obtention d’un ou de plusieurs buts précis ou d’un challenge spécifique. Dans ce cas elle est un outil qui favorise la contemplation, la concentration et la méditation mais aussi la relaxation et une diminution de stress. Elle est une expérience dans le cadre d’un temps déterminé comme p.ex. une retraite et fonctionne comme une interlude dans la vie quotidienne. Ainsi elle est vécue dans un sens positif et avec un état d’esprit ouvert. Comme on peut le constater, elle est également un support dans son contexte mystique et initiatique. Dans son contexte psychologique et pragmatique, elle peut préciser certains problèmes et leurs solutions et favorisera l’entrainement de nouveaux comportements et réflexions. Elle peut être également tout simplement une désintoxication de la vie quotidienne diminuant ainsi le stress et favorisant la relaxation et la régénération.
    Parfois elle peut devenir un mode de vie pour une période définie, comme on la retrouve dans certaines pratiques bouddhistes (p.ex. le profane qui choisit une vie de moine pour un certain temps, donc pour une durée déterminée pour replonger ensuite dans la société), ou pour une durée plutôt indéterminée comme p.ex. l’ermite. Toutefois une longue expérience solitaire devrait être suivie de l’expérience de la vie pratique en société afin d’obtenir sa valeur idéale.

    Par contre, la solitude involontaire, selon son intensité et sa longueur est communément vécue comme un fardeau et mène dans beaucoup de cas à l’isolation. Au plus longue et au plus intense elle sera, au plus on en souffrira moralement et physiquement, l’être humain étant un être social dans sa nature et recherchant dès lors la communication avec autrui. Avec le temps on la supportera de moins en moins et elle affaiblira une personne sur tous les plans. Mais qu’est-ce être vraiment être seul, involontairement ? Certaines situations de la vie, différentes circonstances peuvent provoquer cette solitude sans pour autant avoir la cause dans le comportement de la personne concernée. Un décès, l’isolation qui en suit quand on n’a pas de famille ni d’enfants, avec la perte des amis, le rejet de son entourage et de la société, particulièrement dans le cas des femmes, être ignoré voire maltraité, se retrouver seul face à toutes les intempéries de la vie, qui s’accumulent, vivre sans amour, sans appui, sans réconfort, se sentant abandonné… Elle s’avère être une lourde épreuve, à surmonter avec toutes ses difficultés, une mission très difficile mais pas impossible.

    Cordialement

  4. Sylvie Thérèse

    Merci pour cette belle réflexion.
    Ma grand-mère disait toujours qu’il faut rechercher l’équilibre en toute chose. Dans ce cas-ci, je pense que cela se traduit par la capacité de vivre en relation avec les autres dans nos activités quotidiennes tout en étant très serein lorsque l’on est seul.
    Merci.

  5. De passage

    J’aime être seul cela me laisse le temps de penser par moi même ce que les autres pensent.
    J’aime être seul car j’aime entendre le bruit de ma conscience loin des nuisances
    J’aime être seul car cela me permet de voir dedans mais par dehors
    J’aime être seul car ma solitude attise mon envie d’être avec les autres
    J’aime être seul car je n’entend plus rien, ni mensonge, ni sottise, ni bêtise
    J’aime être seul car mon esprit se délecte du puzzle de la vie
    J’aime être seul car mon orgueil s’ennuie
    J’aime être seul pour me départir de ma connaissance
    Oui l’ignorance est la pire des connaissances
    et de toutes les connaissances je n’ai que l’ignorance
    laissez moi être seul pour mieux vous retrouver

  6. Pax Vobiscum

    La solitude peut aussi s’expliquer par notre lassitude face à la décadence des mœurs (hypocrisie, méchanceté, malhonnêteté, etc.) qui caractérise les relations interpersonnelles de nos jours. Je comprends maintenant pourquoi certains sages du passé préféraient la compagnie des enfants à celle des adultes.

  7. Vergne

    Je pense que l’on est jamais seul, même si on vit seul. Autour de nous il y des hôtes invisibles. Nous sommes entourés toute notre existence physique par des millions d’âmes. La vraie solitude n’existe pas. Nous sommes tous reliés les uns aux autres par un égrégore puissant, celui de l’humanité.

  8. Isora

    On est dans la solitude, n’importe en quel endroit, dès que l’on ne vit plus avec ce que l’on aime. La solitude c’est un jardin sans fleurs où l’âme se dessèche, les fleurs qui y poussent n’y ont pas de parfum, c’est comme un immense vide dans le coeur. C’est un bien pour ceux qui espèrent, elle fortifie le courage et développe l’intériorité, mais peut troubler les cerveaux qu’elle n’illumine pas. Cordialement

  9. pivoine

    Dans notre monde actuel existe une douloureuse paradoxe, avec les moyens de communications mis à notre disposition, le nombre de personnes victimes de la solitude ne cesse de croître, Être seul avec soi-même est bénéfique à condition de ne pas tomber dans l’asociabilité. L’homme par sa nature est grégaire.

  10. Antoine Achard

    Pour certains, la bienfaisante solitude est une opportunité de communion avec ce que nous nommons le Soi, le Maître intérieur, la partie éternelle en nous-même, celle dont les effets peuvent se faire sentir de plus en plus clairement dans le champ de notre conscience terrestre lorsque nous y sommes attentifs. Ce face à face avec soi-même, menant vers des découvertes concernant notre personnalité, n’est qu’un aspect de la solitude et cet aspect précis ne prend tout son sens que lorsque nous sommes confrontés à cette autre réalité qu’est la vie en société. C’est de cette façon que nous pouvons savoir si nos beaux idéaux concoctés dans le milieu protégé qu’est la solitude tiendront vraiment la route en présence des autres…

    La solitude n’est pas l’isolement. La solitude peut être positive et constructive alors que l’isolement est trop souvent négatif et destructeur. Cependant, la solitude mal comprise et mal vécue peut devenir un cocon douillet, un égoïsme subtil, un petit bonheur dénué de partage et cette belle opportunité d’évolution se voir transformer en illusion.

    Nous pouvons vivre dans une certain état de solitude bien sûr, mais comment des êtres dont la vie est axée sur la spiritualité peuvent-ils être seuls en présence mentale ou physique de ceux et celles qui s’efforcent de se laisser conduire eux aussi par le Soi ? Notre « famille » n’est-elle pas constituée de ceux-ci ? La solitude ne m’apparaît que relative ou temporaire. Comment pouvons-nous être vraiment seuls si nous sentons ce Quelque Chose d’indéfinissable, vivant tant en nous-même que dans les autres ?

    Sur ce sujet de la solitude et de la présence, c’est un vers de Goethe qui m’a impressionné : « Je suis près de toi où que tu puisses être » (Ich bin bei dir du soch auch noch so ferne)

  11. Angélique

    Ce qui me touche beaucoup dans cet article est le respect de la ‘nature’ de la personne, qu’elle soit de nature solitaire ou pas. Dans cette société d’hyperactivité, de réseaux (soi-disant) sociaux, de réussite qui s’affiche principalement par la richesse extérieure ; la personne solitaire qui a besoin de temps à autre de retrait de la cohue humaine et des bavardages est parfois perçue comme quelqu’un d’asocial et d’introverti. Je me demande ce que cette capacité de solitude réveille en la personne qui la refuse et qui n’ose peut-être pas y goûter par peur des critiques des autres. Même si la solitude n’est parfois qu’une période passagère et non un choix, si elle est accueillie à bras ouvert, elle est certainement une période bénéfique occasionnant de belles rencontres intérieures avec soi. Je pense personnellement que celui qui se connaitra mieux, pourra aussi mieux s’accepter et accepter sa nature profonde. Et, qui sait, il ou elle prendra goût à ses belles rencontres intérieures.

    Pour cela, se retirer dans notre bulle est essentiel. Chacun en aura sa recette. Et quand nous nous sentons seuls, physiquement seuls ou mal entourés, pas écoutés ni compris, nous pouvons nous demander ce que nous cherchons à l’extérieur de nous-mêmes. Qui n’écoute pas qui en ce cas ?! Par contre, la réponse est à l’intérieur. Le retour dans cette bulle nous redonne la clarté et la force de reprendre la route positivement et en beauté, car nous réalisons que nous ne sommes jamais seul. Quel qu’en soit l’image que nous en avons, cette présence est omniprésente et il suffit de s’en souvenir à chaque instant. Elle crée le bonheur en soi et cela rend plus facile de rayonner et de porter ce même bonheur à l’extérieur de soi. C’est un exercice quotidien de la vie, qui demande de respecter sa propre nature et de vivre en toute conscience à toute heure de la journée. Celui qui en connait les bienfaits, osera aussi prendre le temps pour intégrer ces moments de solitude dans sa vie, qu’ils soient courts ou longs, réguliers ou ponctuels.

    Les épreuves de la vie, nous font parfois oublier ce qui est bon pour nous, aveuglé ou obstiné par un but, la fatigue, etc., il y a tellement d’embûches qui nous éloignent de notre être et donc de notre nature. Notre conscience nous rappelle que nous connaissons la réponse et que nous pouvons l’entendre à condition de s’arrêter et d’écouter ce qui nous vient de l’intérieur. Cette rencontre avec soi nous ouvre indéniablement le portes de l’Amour. Partageons-le et ne laissons pas seul d’autres êtres qui se sentent abandonnés dans la souffrance de la solitude. Mère Teresa disait « la plus grande souffrance est de se sentir seul, sans Amour, abandonné de tous. ». Dans ce monde soi-disant civilisé d’occident, c’est la pauvreté spirituelle qui donne ce sentiment négatif à la solitude, car l’Amour vrai et la Lumière divine manquent, mais sont un remède primordial.

  12. Lorelei

    Comme vous le précisez dans votre point de vue, on rencontre tous à un moment donné de notre existence la solitude…
    Il y a, de mon point de vue, deux sortes de solitude : celle qu’on subit et celle qu’on choisit. Celle qu’on subit sera plus pesante, et les risques de sombrer sont nombreux. La solitude choisie peut pour certains faire un bien fou. Il s’agit d’apprendre à se couper du monde et d’apprendre à se connaître soi-même. C’est le moment où l’on pourra apprécier sa propre compagnie.

    Dans une voie initiatique, un initié devra savoir affronter les épreuves seul, face à sa conscience. Chacun n’aura pas le même ressenti de ces épreuves. Et lors de la « plus grande initiation », la mort, nous nous retrouverons aussi bien seuls et nous n’aurons pas d’autre choix que d’y faire face. Alors, tant que nous sommes de ce monde, apprenons à nous ouvrir aux autres, sans oublier parfois de se « déconnecter ».

  13. esther melèdje

    Dans le monde où nous vivons actuellement, si l’on est seul, c’est en effet parce que l’on a fait le choix volontaire de la solitude. Vu comment la société est organisée à l’heure actuelle, on est obligé de communiquer ne serait-ce qu’avec des organismes et ou administrations s’occupant de gestion de « services » nous concernant. Pour une raison ou une autre, certaines personnes sont très entourées et d’autres pas assez. Certaines personnes sont très expansives, ce qui les poussent vers les autres pour pouvoir s’exprimer, mais dans le fond, il existe nombre de personnes qui sont seules avec tout le monde. Ce sont de vrais solitaires (…). Dans tous les cas, notre être profond, « notre moi », a besoin de temps en temps, pour sa progression, d’un tête à tête avec nous-mêmes…

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