Appel à « travailler sur soi-même »

« Tu veux un monde meilleur, plus fraternel, plus juste ? Eh bien, commence à le faire : qui t’en empêche ? Fais-le en toi et autour de toi ; fais-le avec ceux qui veulent ».

Carl Gustav Jung (1875 – 1961)

Pourquoi en appeler à « travailler sur soi-même » ? Je dois reconnaître que cette injonction n’est pas très engageante a priori et peut même sembler quelque peu péremptoire. Comparé aux autres appels que l’on trouve sur ce blog, celui-ci peut sembler coercitif. Si tel est
votre sentiment, passez outre et prenez le temps de le lire. À défaut d’y répondre favorablement, il nourrira votre réflexion.

« Nous sommes très nombreux à penser que le monde va mal »

Nous sommes très nombreux à penser que le monde va mal : quasiment tous les pays sont confrontés à une crise économique et sociale sévère ; nombre d’entre eux sont en proie à des conflits et des guerres qui font des millions de morts à l’échelle planétaire ; la violence se généralise dans les comportements et affecte une jeunesse désorientée et sans repère ; les réseaux sociaux, sans nier leur intérêt et même leur utilité, sont trop souvent générateurs de polémiques, de critiques et de sectarisme ; nombre de personnes vivent dans la précarité et la pauvreté, alors que les masses monétaires atteignent des sommets au niveau planétaire ; la Terre, notre espace vital, est menacée : changement climatique (avec son lot de tempêtes, inondations, vagues de sécheresse, etc.), pollutions diverses, destruction des écosystèmes, disparition d’espèces végétales et animales, etc.

Ce bilan peut sembler alarmiste ; il n’en est pas moins réaliste. Or, ce n’est pas la fatalité qui est en cause, encore moins la Volonté divine ; ce sont les hommes, toutes races, toutes nationalités, toutes cultures, toutes classes sociales, toutes religions confondues. Ce sont eux qui, sous l’effet de leur ignorance et de leur inconscience du moment, mais aussi de leurs défauts et de leurs faiblesses, ont généré directement ou indirectement les maux dont souffre l’humanité actuelle. Posez-vous la question : sur les huit milliards d’êtres humains qui la peuplent, combien sont vraiment heureux ? Combien envisagent l’avenir avec sérénité ? En réalité, très peu ; seule une petite minorité peut prétendre que la « vie est belle », étant entendu que personne n’est à l’abri de l’infortune.

Comme vous l’aurez certainement compris, l’enfer et le paradis, que les religions situent respectivement dans les entrailles de la Terre et quelque part dans les cieux, se trouvent ici-bas. Lorsque l’on a la chance d’être en bonne santé, d’aimer et d’être aimé, de bénéficier d’un certain confort matériel, d’exercer une profession qui plaît, de vivre dans un pays en paix…, la vie est paradisiaque. À l’inverse, lorsque l’on souffre, que l’on est seul, que l’on est dans le dénuement, que l’on ne mange pas à sa faim, que l’on côtoie la guerre…, la vie est alors « infernale ». Vu sous cet angle, c’est aux hommes de faire en sorte que la Terre soit un paradis plutôt qu’un enfer, un lieu où il fasse bon vivre pour tous, dans l’harmonie, la fraternité et la paix.

« L’être humain est bon par nature »

D’un point de vue rosicrucien, l’être humain est bon par nature, de sorte que tout individu est enclin à faire le bien. En concordance avec à ce point de vue, Jean-Jacques Rousseau déclara dans le « contrat social » que « l’homme est naturellement bon ». Quant à René Descartes, qui fut en contact étroit avec les Rose-Croix de l’époque, il écrivit dans ses « Méditations métaphysiques » : « Comment se pourrait-il que je puisse savoir que je ne suis pas parfait si je n’avais en moi aucune idée de la perfection ? ». Citons également Karl von Eckartshausen : « Avancer vers la perfection ; voilà le vrai bien ; et le vrai bien, c’est le but de notre destinée ». Plus près de nous, Jacques Lecomte, philosophe et docteur en psychologie, écrivit dans « La bonté humaine » : « Les enfants sont naturellement bons, aimants et compatissants. C’est la société qui les pervertit ».

Certes, les êtres humains peuvent se montrer malveillants, vindicatifs, égoïstes, violents, haineux, rancuniers…, mais ils sont capables aussi d’être bienveillants, généreux, tolérants, altruistes, compatissants… Et chacun sait qu’ils savent aimer et pardonner. En fait, ils ont le choix : exprimer le meilleur de la nature humaine, ou laisser libre cours à leur ego, dans ce qu’il a de plus négatif. Cela pose tout le problème du libre arbitre, c’est-à-dire de la possibilité que nous avons chaque jour d’opter pour un comportement qui s’apparente au bien plutôt qu’au mal, et ce dans la cellule familiale comme dans le cadre social. Malheureusement, la grande majorité des êtres humains en font encore et toujours un mauvais usage, ce qui explique l’état du monde actuel. De toute évidence, il irait infiniment mieux s’ils se montraient plus sages dans leur jugement et dans leur comportement.

De nombreuses personnes pensent que c’est aux instances politiques, administratives, associatives, économiques, sociales, religieuses, philosophiques… de faire le nécessaire pour que le monde soit meilleur et plus juste pour tous les citoyens, sans aucune distinction. Or, ces instances sont dirigées par des êtres humains qui eux aussi sont imparfaits et manquent de sagesse. De ce fait, leur comportement, leurs décisions, leurs actions, leurs positions, leurs points de vue… peuvent être injustes, mauvais, négatifs… Certes, on souhaiterait que ceux et celles qui détiennent le pouvoir en tout domaine soient vertueux et donnent l’exemple de personnes intègres, honnêtes, bienveillantes, humanistes, etc. Ce n’est pas le cas. Mais sont-ils à blâmer davantage que leurs concitoyens ? Peuvent-ils à eux seuls rendre le monde meilleur et plus juste ? Non, mais il est vrai que leurs errances peuvent avoir des conséquences très néfastes pour les populations.

« Le monde est le reflet collectif des comportements individuels »

De toute évidence, la société, le monde, est le reflet collectif des comportements individuels. Si nous voulons qu’il évolue d’une manière positive et contribue au bonheur de tous et de chacun, nous n’avons pas d’autre choix que de travailler sur nous-mêmes, c’est-à-dire de nous améliorer, de nous parfaire. Nous avons tous des qualités, mais aussi des défauts. Certains sont mineurs et n’ont pas de conséquences graves sur notre vie et celle des autres ; d’autres sont majeurs et altèrent les relations entre individus, au point qu’ils les conduisent à se nuire mutuellement. Pour vous en convaincre, songez à ce que l’orgueil, l’égoïsme, la jalousie, la convoitise… peuvent produire de négatif dans le comportement humain.

Conscients de la nécessité de travailler sur eux-mêmes, les Rose-Croix pratiquent depuis toujours l’alchimie mentale et spirituelle. Celle-ci a pour but de transmuter leurs défauts, notamment ceux qui sont majeurs, en leurs qualités opposées. Ce faisant, ils deviennent de mois en mois et d’année en année de meilleures personnes, ce qui leur procure un sentiment de satisfaction intérieure et contribue au « bien vivre ensemble ». À titre d’exemple, s’ils savent en leur âme et conscience qu’ils ont une tendance à être quelque peu égoïstes, ils s’emploient à cultiver la générosité au quotidien, jusqu’à ce que cette vertu devienne une partie intégrante de leur personnalité. Certes, cela nécessite un effort, mais y consentir fait de chacun une meilleure compagnie pour lui-même et pour autrui, notamment ses proches.

Au regard de la philosophie rosicrucienne, tout être humain vit sur Terre pour évoluer spirituellement, c’est-à-dire pour conscientiser sa nature divine et l’exprimer à travers ses pensées, ses paroles et ses actions. Et c’est sous l’impulsion de notre âme, pure, parfaite et bienveillante par nature, que ce processus opère en nous, jusqu’à ce que nous atteignions l’état de sagesse. Étant donné qu’un tel état ne peut pas être obtenu en une seule vie, la plupart des Rose-Croix adhèrent à la réincarnation. C’est ainsi que de vie en vie, nous acquérons graduellement les vertus que l’on attribue aux Maîtres spirituels, aux Réalisés. Dès lors s’achève le cycle des incarnations successives, appelé « samsara » dans l’Hindouisme et le Bouddhisme.

« L’épanouissement spirituel » plutôt que « Le développement personnel »

De nos jours, on parle beaucoup de « développement personnel », cet ensemble de pratiques plus ou moins new age destinées à valoriser ses talents, exploiter ses potentiels, améliorer son sentiment de bien-être, réaliser ses aspirations, augmenter sa créativité, etc. Les Rose-Croix préfèrent le concept d’« épanouissement spirituel », qui consiste à éveiller ce qu’il y a de meilleur, pour ne pas dire de plus divin, dans la nature humaine. Et selon eux, c’est au plus profond de nous-mêmes, au cœur de notre âme, que nous devons rechercher l’inspiration voulue pour y parvenir, car elle possède en essence toutes les vertus que nous devons éveiller au cours de notre évolution spirituelle. Et plus une personne s’épanouit spirituellement, plus elle se développe sur le plan personnel, au sens que j’ai rappelé précédemment.

Peut-être n’êtes-vous pas spiritualiste, ce qui est naturellement votre droit. Mais je présume que vous êtes au moins humaniste. Alors, vous conviendrez que si tous les êtres humains faisaient l’effort de travailler sur eux-mêmes et de transmuter leurs défauts en leurs qualités opposées, les relations entre eux s’en trouveraient radicalement transformées. Plutôt que de se comporter de manière individualiste, de défendre leurs intérêts personnels ou corporatistes, de réagir avec agressivité, de chercher à dominer les autres, etc., ils en viendraient à privilégier le bien commun et l’intérêt général. Le mot « humanité » prendrait tout son sens, celui de « unité entre humains », et le paradis ne serait plus si loin…

Naturellement, j’espère que vous faites partie des personnes qui mènent une quête de sens et qui ont conscience de la nécessité de travailler sur soi-même ? Si ce n’est pas le cas, mais si cet appel fait écho en vous, alors je vous propose d’y répondre favorablement et de prendre vis-à-vis de vous-même l’engagement suivant : « Conscient(e) de la nécessité de travailler sur moi-même pour me parfaire et rendre le monde meilleur, je m’engage à faire tout mon possible pour éveiller les vertus qui font la dignité de tout être humain ».

Avec mes pensées les plus fraternelles.

Partager cet article
Articles récents
Articles similaires