La notion de réussite
Très tôt dans la vie, on inculque aux enfants la notion de réussite, et par là même celle d’échec. Après avoir réussi à marcher et à parler, ils sont censés réussir à l’école et dans les activités extra scolaires qu’ils pratiquent, je pense notamment au sport. Dès lors, on attend d’eux qu’ils aient de bons résultats scolaires et sportifs. Lorsque c’est le cas, on les félicite ; autrement, on les réprimande. Pour les encourager dans cette voie, on stimule le sens de la compétition, lequel existe à l’état latent en tout être humain. Finalement, on en vient à leur inculquer l’idée selon laquelle réussir, c’est montrer sa supériorité sur les autres dans tel ou tel domaine.
La réussite sociale
Comme vous le savez, il est courant de parler de « réussite sociale ». Généralement, on entend par là le fait d’exercer une profession qui vaut le respect, voire l’admiration des autres, et qui s’accompagne d’un (très) bon salaire, permettant aux personnes concernées de vivre dans de (très) bonnes conditions matérielles. Nombre d’individus qui bénéficient d’un « tel train de vie » s’en enorgueillissent et en font un « signe extérieur de richesse ». Autrement dit, ils font état de leur mérite et l’affichent de manière ostentatoire, comme si elle constituait l’essentiel de leur existence. Dans les cas extrêmes, un tel comportement confine à l’indécence, en ce sens qu’ils manquent d’humilité et de retenue, de sorte qu’ils choquent ceux et celles qui n’ont même pas le nécessaire pour vivre correctement sur le plan matériel.
L’importance de l’éthique
Est-il inconvenant de réussir socialement ? Non, dès lors que cette réussite est obtenue honnêtement et qu’elle ne donne pas lieu à un comportement indécent. À cet égard, l’argent n’a rien de négatif en soi, pas plus que les possessions matérielles. Ce qui pose problème, c’est d’en faire l’idéal de sa vie, au point de sacrifier les valeurs éthiques les plus élémentaires. Or, nombre de ceux qui « réussissent dans les affaires », comme on le dit couramment, n’hésitent pas à s’affranchir de ces valeurs et à s’enrichir au détriment des autres ou de la collectivité. En sont-ils conscients ? Généralement oui, mais leur « appât du gain » est si fort qu’ils ne tiennent pas vraiment compte de la voix de leur conscience.
Réussir sa vie
Il y a mieux que réussir (socialement) dans la vie : c’est réussir (humainement) sa vie. Autrement dit, c’est faire en sorte que notre existence soit riche en expériences positives, en événements heureux, en belles rencontres, en réalisations utiles, en beaux projets… Cela suppose d’accorder plus d’importance à l’être qu’à l’avoir, et de privilégier les liens qui nous unissent aux autres et à la nature. Ceux et celles qui optent pour une telle approche de la vie sont généralement des humanistes qui ont à cœur de favoriser le bien commun. Plutôt que de chercher à s’élever dans la société (ce qui n’est pas négatif), ils s’emploient à la rendre meilleure dans l’intérêt de tous. S’ils exercent une fonction de pouvoir, ils n’en abusent pas et s’emploient à la rendre utile au plus grand nombre.
S’épanouir spirituellement
Pour les Rose-Croix, réussir sa vie, c’est aussi s’épanouir spirituellement. En effet, l’être humain ne se limite pas à son corps physique et aux facultés mentales qu’il utilise au quotidien ; il possède également une âme. En fait, c’est elle qui justifie notre existence sur ce plan terrestre, car bien que d’origine et de nature divines, elle a besoin de s’incarner de nombreuses fois pour mener à bien sa destinée : évoluer graduellement vers l’état de sagesse. Ainsi, chacune de ses réincarnations lui permet de se parfaire, jusqu’à manifester à travers nous ce que nous appelons « vertus », telles la bienveillance, l’humilité, la tolérance, la non-violence, etc. Vu sous cet angle, réussir sa vie, c’est la rendre utile à notre évolution spirituelle tout en profitant pleinement des plaisirs et des joies que le monde matériel peut nous procurer, au contact et dans le respect des autres et de la nature.