La « théorie du complot »
Au cours de ces dernières décennies, la « théorie du complot » n’a cessé de se développer à travers les réseaux sociaux et fait de nos jours des millions d’adeptes à travers le monde. D’une manière générale, cette théorie, devenue une vérité pour ceux et celles qui y croient, laisse entendre qu’il existe des groupes d’individus qui s’emploient à orienter la marche du monde au moyen de pressions et d’actions diverses, au besoin en ayant recours à des actes criminels : enlèvements, assassinats, attentats, sans parler de l’usage pervers qu’ils feraient de l’intimidation, du chantage et autres formes de manipulation. On ne compte plus le nombre de sites internet qui se consacrent à alimenter les thèses complotistes.
Une défiance généralisée
En cette période où les instances politiques, économiques, scientifiques, religieuses et médiatiques font l’objet d’une grande défiance, la théorie du complot est surtout influente chez ceux qui ont tendance à chercher des boucs émissaires pour expliquer l’origine des difficultés sociales, économiques ou autres auxquelles eux-mêmes ou leur pays sont confrontés à un moment donné. Dès lors, ils lancent ou relayent des rumeurs censées accréditer leurs croyances, leurs convictions, leurs certitudes, leurs doutes…, souvent d’une manière aussi catégorique que vindicative. Malheureusement, il y a toujours des personnes qui, pour diverses raisons, se laissent convaincre par ce genre de rumeurs et les relayent à leur tour sur internet.
Les réseaux et le lobbying
Certes, il y a des groupes d’individus qui utilisent des réseaux et font du lobbying pour défendre leurs intérêts. C’est une pratique qui existe dans tous les secteurs de la société : politique, économique, technologique, médiatique, scientifique, religieux, sportif, etc. On peut le regretter, mais penser que tous ces groupes cherchent à contrôler le monde, le cas échéant en utilisant des méthodes mafieuses, est très excessif. Qu’on le déplore ou non, il est “naturel” de se regrouper et de s’unir pour obtenir satisfaction ; c’est là une expression de l’instinct grégaire. Y voir systématiquement une conspiration et un désir malsain de comploter contre une partie de la population, voire contre l’ensemble de l’humanité, dénote un manque de discernement et une défiance irraisonnée.
Les adeptes du complotisme
L’observation montre que les adeptes du complotisme l’utilisent le plus souvent à l’encontre des personnes qu’ils n’aiment pas en raison de leur nationalité, de leur culture, de leur profession, de leur religion, de leur philosophie, de leurs idées politiques, de leurs idéaux… Au lieu de chercher à les connaître et à les comprendre, ils préfèrent les stigmatiser et les rendre responsables de ce qu’ils réprouvent dans le fonctionnement de la société ou le comportement de certains individus. En cela, la théorie du complot est une posture idéologique et sectaire qui permet de justifier la discrimination et autres formes d’exclusion. Dans les cas extrêmes, elle traduit une forme de paranoïa chez ceux qui la soutiennent et qui, finalement, deviennent eux-mêmes des comploteurs. Quoi qu’il en soit, les responsables de l’Ancien et Mystique Ordre de la Rose-Croix n’accordent aucun crédit au complotisme, et même le dénoncent.
La Grande Fraternité Noire et la Grande Fraternité Blanche
Le domaine de l’ésotérisme est lui aussi la cible de certains adeptes du complotisme. C’est ainsi qu’il existerait selon eux une « Grande Fraternité Noire », formée d’occultistes qui s’emploieraient, au moyen de pratiques aussi obscures que secrètes, à répandre le mal parmi les hommes. En cela, elle agirait en opposition avec la « Grande Fraternité Blanche », formée d’Initiés qui œuvreraient au service du bien. On est là dans le fantasme. Il est vrai que le monde est malheureusement chaque jour le théâtre d’événements injustes, tragiques, dramatiques, criminels…, mais la grande majorité d’entre eux ont leur cause dans les comportements individuels et collectifs des êtres humains. Les autres relèvent parfois d’une notion que nous avons tendance à rejeter ou à refuser et qui n’a rien de complotiste : la fatalité.